Transition énergétique et sortie du nucléaire

Réussir la transition énergétique

Vœu proposé par le groupe Europe Ecologie – Les Verts

L’accident nucléaire de Fukushima, survenu il y a un peu plus de six mois, est venu détruire toutes les certitudes et mythes qui entouraient encore le nucléaire, à commencer ceux de la sécurité et de la maitrise de l’atome. Après Fukushima, nul ne peut plus ignorer le risque qu’un accident majeur puisse survenir dans un pays, même démocratique et en pointe sur le plan technologique.

La gravité de l’accident, l’ampleur des répercussions pour l’environnement, la population et l’économie ont conduit de nombreux pays à revoir leurs politiques énergétiques et la place du nucléaire dans celles-ci. En quelques mois, plusieurs gouvernements ont su faire des choix politiques clairs et courageux en engageant leurs pays sur la voie de la sortie du nucléaire. C’est notamment le cas de l’Allemagne, qui a annoncé en mai dernier la fermeture au plus tard en 2022 de ses derniers réacteurs. La Suisse a pris une décision analogue, en fixant 2034 comme horizon. D’autres Etats européens, comme le Danemark, l’Autriche, l’Irlande ou encore la Norvège n’avaient pas attendu la catastrophe pour inscrire dans la loi l’interdiction de recourir au nucléaire.

Cette prise de conscience existe aussi en France. Une majorité de Français se déclare aujourd’hui hostile à cette source d’énergie. Conscients que l’énergie nucléaire entraine des risques non maitrisables pour la population et qu’aucune solution technologique viable n’existe pour les déchets nucléaire, ils souhaitent un arrêt progressif ou rapide du programme nucléaire français. Malgré cela, le gouvernement persiste dans une vision dogmatique de l’avenir énergétique de la France, et continue à vouloir accroitre les capacités de production. Cette politique ne constitue en rien une solution d’avenir. Le maintien du nucléaire fait peser un coût important sur les finances publiques de notre pays, si l’on inclut l’impérative mise à niveau de sécurité des installations, les surcoûts en croissance exponentielle des futures centrales nucléaires dont celles du programme EPR, la gestion des déchets, le démantèlement…

Notre région est directement concernée par la menace nucléaire. La proximité de la centrale de Nogent-sur-Seine fait courir d’importants risques pour les 12 millions de Franciliens. Les plans particuliers d’interventions prévus en cas d’accident nucléaire n’ont clairement pas été élaborés sur l’hypothèse d’une catastrophe aussi importante que celle de Fukushima. L’évacuation, en particulier pour les centrales situées à proximité de zones très densément peuplées, ne serait pas assurée en cas d’accident majeur.

Par ailleurs, les Franciliens sont régulièrement exposés, souvent sans le savoir, au passage de convois de déchets nucléaires. Un exemple parmi d’autres : le 8 février 2011, un train transportant 13 tonnes de déchets hautement radioactifs a emprunté les voies du RER C, et traversé la Seine-et-Marne, le Val de Marne et les Yvelines à des horaires ou des millions d’usagers empruntent les transports en commun! Il n’existe aucune garantie sur les mesures qui serait mises en œuvre en cas d’accident au cours du passage de l’un de ces convois sur le réseau ferroviaire francilien.

C’est l’ensemble de notre modèle énergétique que nous devons revoir en profondeur. Nous pouvons nous donner les moyens de sortir du nucléaire. Cette révolution énergétique se fera à l’échelle d’une génération et  suppose d’être adossée à une véritable politique de maitrise des consommations et d’efficacité énergétiques. Elle ira évidemment de pair avec la montée en puissance des énergies renouvelables, qui constituent un levier essentiel pour le développement des territoires, un gisement d’emplois important (à titre d’exemple, 370 000 emplois industriels ont été créés en Allemagne grâce à ces filières), et une orientation réelle vers l’indépendance énergétique. La transition énergétique représente un réel investissement pour notre pays et les générations futures.

Le conseil régional d’Ile de France, réuni en séance plénière le 30 septembre 2011, émet le vœu que notre pays engage sa transition énergétique et la sortie progressive mais effective du nucléaire. Il demande au gouvernement :

–       d’engager la sortie du nucléaire sur une génération ;

–       de ne plus attendre pour fermer les plus vieilles centrales nucléaires encore en activité, à commencer par celle de Fessenheim ;

–       remettre en cause le projet EPR, car coûteux et non conforme aux recommandations de l’ASN, en commençant par les chantiers de Flamanville et de Penly ;

–       d’engager un plan massif d’économies d’énergie et promouvoir la sobriété et l’efficacité énergétiques

–       Développer de manière décisive les énergies renouvelables, qui constituent une filière d’avenir et un considérable gisement d’emplois.

Cécile DUFLOT

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