Je dis ECOLOGIE : L’exploration et l’exploitation des hydrocarbures au large des côtes varoises.
Mercredi 22 février 2012 Europe Ecologie Les Verts de La Seyne sur Mer accueillait Christine Sandel, conseillère régionale chargée du littoral. Elle a montré, cartes et chiffres à l’appui, les dangers qui nous guettent si le permis d’exploration Rhône-Maritime était prolongé. Il entrainerait l’exploration et sans doute l’exploitation des hydrocarbures au large des côtes varoises avec de graves conséquences pour les animaux marins, pour la pollution de nos côtes et pour notre santé.
Denise Reverdito lui a posé quelques questions qui résument son intervention :
On a beaucoup entendu parler des gaz de schiste et aujourd’hui vous venez nous alerter sur un nouveau danger qui viendrait de la mer et du permis « Rhône Maritime », de quoi s’agit-il exactement ?
Le permis dit « Rhône Maritime » est un permis exclusif de recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux, emprisonnés sous forme de réservoirs dans des pièges géologiques, notamment dans les sous-sols sous-marins, il ne s’agit pas ici de gaz de schistes.
Mais jusqu’à présent nous pensions que c’était surtout les Bouches du Rhône qui étaient concernées, nous en avions peu entendu parler dans le Var, à quand remonte ce permis ?
Un premier permis d’exploration a été octroyé le 29 octobre 2002 à la société TGS-NOPEC, pour une durée de 3 ans, sur une superficie de 25 000 km2, au large des Bouches-du-Rhône et du Var.
En 2005, cette société a demandé la mutation du permis au profit de la société Melrose Mediterranean Limited, ainsi qu’une prolongation pour une période de 5 années supplémentaires. Ces modifications ont été approuvées par un arrêté du ministère en charge de l’Ecologie en 2006, pour une superficie ramenée à 12
500 km2 et ce jusqu’au 19 novembre 2010.
Le permis a donc expiré, pourquoi être inquiet ?
En juillet 2010, une nouvelle demande de prolongation de 5 années a été déposée par Melrose Mediterranean Limited, pour une superficie de 9 375 km2.
Dans l’attente, la compagnie a continué ses campagnes de prospection sismique,par émission d’ondes acoustiques basses fréquences au moyen de canons à air comprimé, pendant l’hiver 2010/2011, alors que son permis avait expiré depuis novembre 2010.
En janvier 2011, les sociétés Melrose Mediterranean Limited et Noble Energie France SAS concluent une convention de mutation, suite à laquelle Noble Energie devient majoritaire dans le permis Rhône maritime. et dépose le 18 juillet 2011 une nouvelle demande de prolongation du permis de recherche.
Dans quelle zone est situé le permis ?
Cette demande actualisée pour une durée de 5 années supplémentaires couvre 9 375 km2, sur le plateau continental, au large des Bouches-du-Rhône et du Var. Cette zone se situe à moins de 30 km du périmètre du futur Parc national des Calanques et à 50-70 km du Parc national de Port Cros et du Sanctuaire PELAGOS (protection des mammifères marins de Méditerranée France / Italie / Monaco).
De nouvelles campagnes de prospection acoustique mais également des forages d’exploration sont envisagés.
Y-a-t-il réellement un risque de pollution ?
C’est un risque majeur ! Un accident lors des forages exploratoires peut se traduire par une pollution, du type de la marée noire intervenue en 2010 dans le golfe du Mexique. Les produits polluants pourraient atteindre rapidement les eaux et les côtes de Méditerranée française, en particulier des aires marines protégées existantes (Port-Cros, Bouches de Bonifacio, Scandola, Pelagos) mais aussi du futur coeur marin du Parc national des Calanques. Les effets en terme de santé publique de ces pollutions sont aussi de plus en plus dénoncés. Le risque intrinsèque à ce type de prospection est en autre accru dans la zone de recherche concernée, du fait de la profondeur du forage et du risque sismique.
Nous avons bien compris qu’il faut se mobiliser, nous à Europe Ecologie Les Verts sommes prêts à mettre toutes nos forces dans la bataille mais nous avons besoin des institutionnels et des politiques.
Le conseil scientifique du Parc national de Port-Cros, mais également les conseils scientifiques des Réserves naturelles de Scandola et des Bouches de Bonifacio, ainsi que du sanctuaire PELAGOS, du GIP des Calanques, le conseil régional de PACA et l’assemblée territoriale de corse ont fait part à la Ministre en charge de l’Ecologie dans une démarche commune de leur forte inquiétude voire opposition à la prolongation du permis en question et notamment à des forages exploratoires.
Par ailleurs, des questions parlementaires ont été posées, tant sur l’incohérence entre cette demande de permis et les conventions internationales adoptées par la France en matière de protection de la Méditerranée (convention de Barcelone … ) et des cétacés. Le Comité français de l’Union International pour la Conservation de la Nature a également demandé au gouvernement français de refuser la prolongation du permis. Plusieurs ONG françaises sont également fortement mobilisées sur le sujet.
Donc la mobilisation s’organise, quelle est votre position personnelle sur ce dossier ?
Le gouvernement doit donner un avis négatif le plus rapidement possible afin de mettre un terme définitif à ce projet d’exploration puis d’exploitation déposé par une société fantôme qui ne cherche qu’à faire des profits au détriment de notre environnement et de notre mare nostrum !