Révision du PPA de l’agglomération toulonnaise : Nous sommes loin du compte !

COMMUNIQUE

La préface de l’enquête publique pour la révision du Plan de Protection de l’Atmosphère de l’agglomération de Toulon souligne bien toute l’importance qu’il revêt « L’amélioration de la qualité de l’air s’affirme progressivement comme un enjeu sanitaire prioritaire. En effet, les experts de santé publique s’accordent pour considérer que la pollution atmosphérique est responsable, chaque année en France, de la mort prématurée de plusieurs dizaines de milliers de personnes » face à un tel enjeu EELV du Var est extrêmement déçu de constater le peu d’ambition que revêt ce plan, son manque de volontarisme et l’absence d’une évaluation suivie et rigoureuse !

Les principaux polluants de l’air dans l’aire toulonnaise, qui régulièrement dépassent les seuils autorisés, sont issus du trafic routier (Oxyde d’azote – NOx, particules fines – PM10). C’est donc sur ce point que les principaux efforts doivent porter, même si les autres sources de pollutions doivent être prises en compte et traitées, en particulier les pollutions d’origine industrielles et agricoles.

Or dans les 16 actions concernant les transports/aménagements/déplacements, seules 6 sont réglementaires, 10 seulement volontaires et incitatives. Ces dernières sont pourtant les plus importantes, puisqu’elles concernent les transports collectifs, le report modal et les déplacements actifs, ainsi qu’un aménagement du territoire prenant en compte ces éléments.

L’expérience jusqu’à présent nous a montré à quel point l’aire toulonnaise était en retard sur ces sujets, par un manque de volonté politique des collectivités.

Les documents administratifs tels que PDU et PCET en sont un bon exemple : le PDU est resté lettre morte (tramway, schéma vélo/piétons, parcs relais, pôles d’échanges…) les PCET sont encore inexistants (Toulon, Hyères, La Seyne…).

Parmi les mesures réglementaires concernant les transports, « définir des attendus » et « imposer des objectifs » sont également insuffisants : ce sont seulement des déclarations d’intentions. L’expérience là encore nous a montré qu’à l’échéance nous acterons que les objectifs n’ont pas été atteints. S’il n’y a pas de pénalités prévues cela n’aura pas d’effet.

Quant aux PDA/PDE (plan de déplacements d’administration/d’entreprises) et PDES (Plan de déplacements des établissements scolaires), ils sont déjà prévus dans le code des transports.

Parmi les projets d’aménagements en cours qui sont présentés comme pouvant avoir une incidence sur la qualité de l’air, il est symptomatique que deux soient en réalité des « appels d’air » à la circulation routière : le tunnel de Toulon et l’élargissement à 3 voies de l’A57 permettront une augmentation du trafic routier. On sait que plus on crée de routes, plus la circulation augmente. Les émissions de polluants ne seront donc pas diminuées.

Ce manque de volonté politique de transformer de façon durable les transports urbains est affiché dans les objectifs de baisse des émissions des principaux polluants :

  • -6.4% pour l’oxyde d’azote NOx.
  • -3.3/-3.2% pour les particules fines PM10/PM2.5

Ce n’est pas à la hauteur des enjeux. D’autant que le PPA à lui seul ne permettra pas d’atteindre les objectifs nationaux qui eux sont porteurs d’une forte ambition : -30% pour les PM et –40% pour le NOx à l’horizon 2015.

Ce PPA est bien en-deçà des mesures évoquées dans le PDU 2005-2015, dont le projet principal – le tramway – n’a toujours pas été réalisé. C’est pourtant la mesure phare qui pourrait avoir une véritable incidence sur le trafic routier, couplé avec le développement des TER et un schéma vélo/piétons engageant TPM dans son ensemble. Le tramway est en effet un mode de transport sans émissions de NOx/PM, à l’inverse d’un BHNS, évoqué dans le PPA.

On note également un biais dans le discours du PPA, pour justifier les mesures concernant le résidentiel : « Sur la zone PPA, le secteur résidentiel / tertiaire est le principal contributeur (35%) aux émissions de SO2 devant les secteurs du transport routier (31%) et de l’industrie /traitement des déchets (18%) », mais ces données sont issues d’une moyenne sur PACA : à Toulon c’est le transport routier et non routier (aviation et transports maritimes) qui domine pour les émissions de SO2. Si les efforts demandés au résidentiel sont sans doute légitimes (suppression des foyers ouverts), c’est toujours le transport routier le premier responsable des émissions de polluants dans TPM, même pour les PM2.5.

De même, si la limitation de vitesse est nécessaire (et réalisée de façon homogène et non sur des segments de voiries, pour une conduite cohérente et simplifiée), cette mesure est insuffisante. L’avenir est dans le développement des transports collectifs et des modes doux.

En conclusion, ce PPA ne fait pas suffisamment porter les efforts sur le point noir de la région toulonnaise, principal émetteur de polluants atmosphériques : le trafic routier.

Les mesures proposées, quoique toutes nécessaires, ne permettront pas l’amélioration attendue de la qualité de l’air, par manque d’ambition, absence de hiérarchisation des priorités, absence de coercition envers les différents acteurs, en particulier les collectivités.

Nous regrettons une fois de plus l’absence de volonté politique devant pourtant une problématique majeure pour le présent et l’avenir : la santé de tous.

EELV VAR

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