Les agrocarburants : Quel avenir ?

Récemment la Commission Européenne a proposé un taux d’incorporation de 5% des agrocarburants dans les carburants pétroliers. Elle a pris en compte leurs responsabilités dans l’accaparement et le détournement des terres agricoles réduisant la sécurité alimentaire, accentuant la faim dans le monde, et augmentent les gaz à effets de serre accentuant le changement climatique. Le Gouvernement français et le Parlement européen emmenaient par l’Angleterre, avec le soutien de la présidence Lituanienne, proposent un taux de 7 % en mettant en avant l’arrivée des « biocarburants » de 2ème et 3ème génération qui n’auront que des qualités ! Faisons un tour d’horizon.

Les agrocarburants actuels sont tous produits à partir de plantes alimentaires. L’éthanol pur ou un dérivé (ETBE) ajouté aux essences (SP95, 98 et E85) est produit à partir de blé, maïs, betterave, canne à sucre. Dans le gazole et le fuel domestique est ajouté un produit (EMHV ou EMGA) issu des matières grasses et des plantes à huile (colza, tournesol, palmier, jatropha).
Les agrocarburants de 2ème génération.

Les techniques de production en sont au stade de pilotes de laboratoire, au mieux de pilotes industriels. L’application industrielle n’est pas encore validée économiquement. En conséquence les avantages mis en avant nécessiteront une validation environnementale et économique prenant en compte l’ensemble de la filière.

Ils seraient produits suivant 2 procédés, Thermochimique ou Biochimique, à partir de biomasse ligno-cellulosique, c.à.d. paille, déchets de bois, plantes cultivées (miscanthus) ou taillis à courte rotation (peuplier, saule), ne seraient pas en compétition avec les plantes alimentaires, auraient un faible coût de la matière première et un bilan énergétique positif. L’utilisation des pailles est défavorable au maintient de la matière organique des sols et entrainera une augmentation de l’usage des engrais. Leur usage thermique est plus efficace. L’éloignement des lieux de production et des usines et la culture des plantes sur des nouvelles terres (après déforestation ?) entraînera aussi une augmentation des gaz à effets de serre.

Le procédé thermochimique (Fisher Tropsch) déjà utilisé depuis 1940 pour la fabrication de carburant (gazole, kérosène) avec du charbon (CtL : Coal to Liquid). Dans ce procédé la biomasse ligno-cellulosique est d’abord gazéifiée à haute température sous atmosphère d’oxygène ou d’hydrogène puis convertie par synthèse catalytique en carburant liquide(BtL : Biomasse to Liquid).

Le bilan et l’efficacité énergétique sont loin d’être positifs. On peut penser que le seul objectif des recherches est le développement de nouvelles filières utilisant le charbon, le gaz et les pétroles non conventionnels (sables et schistes bitumineux). En Europe 2 pilotes sont en tests.

Le procédé biochimique : On extrait par des techniques physiques et enzymatiques les sucres de la cellulose. Nécessite développement et fabrication par génie génétique de nouvelles souches de fermentation (levures, bactéries et enzymes). Les sucres sont ensuite transformés en éthanol comme actuellement.

Des unités pilotes sont en test aux USA et en Europe. Elles utilisent principalement des pailles (Espagne et Danemark) et des déchets de bois (Suède). La rentabilité économique de tous ces procédés est loin d’être assurée.

Les biocarburants de 3ème génération

Les recherches actuelles pour cette génération de « biocarburants » sont basées sur la production de « bioénergie » par des micro-organismes photosynthétiques. Certains d’entre eux ont la capacité de produire des lipides (source de carburants liquides) ou de l’hydrogène (pour les piles à combustible ou enrichir de la biomasse).

Certains micro-organismes convertissent par photosynthèse l’énergie solaire en énergie chimique et fabriquent, à partir du CO2 atmosphérique, des carbones utilisables dans les carburants liquides ou gazeux. Cette filière de culture d’algues pour produire des biocarburants est présentée comme LA SOLUTION pour un carburant renouvelable.

Avec les technologies actuelles, la production de carburants d’algues – 20% des carburants de transport – créerait des pressions insupportables sur l’énergie, l’eau et les éléments nutritifs. Ils doivent donc démontrer productivités, rendement énergétique et capacité à utiliser des eaux usées. L’évaluation des besoins en terres pour la culture d’algues en fonction des conditions climatiques, de l’eau douce disponible, de l’eau salée, des ressources en eaux usées, des sources de CO2, est nécessaire pour s’informer de la quantité potentielle de carburants d’algues qui pourrait être produite économiquement en France.

Toutes ces techniques nous repoussent si loin que la solution se trouve plutôt dans les économies de carburants !

Georges Baroni

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