Plan d’Exposition au Bruit : notre contribution à l’enquête publique (HYERES)

Madame la commissaire enquêteur,

Si nous nous réjouissons qu’un PEB voit enfin le jour, après les tergiversations et les lenteurs administratives de toutes ces dernières années, nous ne pouvons pas être cependant satisfaits de ce qui nous est présenté à ce jour.

En effet ce PEB définit des zones de bruit à partir d’hypothèses et d’observations erronées, ce qui fausse les calculs et ne rend pas compte de la gêne qu’occasionne réellement le trafic pour les riverains, qui se plaignent depuis des années. Le zonage qui en découle ne reflète donc pas la réalité.

Ainsi le trafic des hélicoptères est minimisé car ne sont pas pris en compte :

  • La dispersion de leur trajectoire (ils dévient régulièrement de leur trajectoire officielle)
  • Les vols stationnaires
  • Les déplacements hangar-piste qui s’effectuent à une altitude de 2/3m du sol et font autant de bruit qu’un vol à puissance nominale.
  • Les tours de piste sont minimisés de par le choix du mode de calcul qui comptabilise seulement deux mouvements (un décollage et un atterrissage), alors qu’en fait lors de l’activité de « touch and go » il y a un décollage et un atterrissage toutes les six minutes pendant toute la durée de l’exercice qui peut durer une à deux heures.

C’est pourtant les hélicoptères qui représentent la gêne maximale au quotidien, particulièrement pour les habitants de Costebelle, la colline produisant un effet de réverbération du bruit.

Les rafales sont également une source de bruit très importante et particulièrement gênante : l’estimation du trafic est erronée (estimé à 150 mouvements par an quand la réalité est de 459 en 2012 et 210 en 2013) et la non-prise en compte des « journées caractéristiques », en lissant les données sur l’année, ne rend pas compte de la grande gêne occasionnée. Cette gêne est d’ailleurs ressentie par toute la ville, bien au-delà de la zone D.

D’une manière générale, la non-prise en compte des essais au sol minimise également l’évaluation de l’exposition aux bruits.

Tout ceci entraine une sous-évaluation des niveaux sonores et donc une délimitation des zones qui ne correspond pas à la réalité du terrain.

Ce fait est aggravé par le choix qui est fait pour la zone C de retenir la courbe Lden 57 : la population concernée par cette zone est ainsi divisée par 4. Ce sont 1174 personnes estimées qui sont concernées par ce zonage, quand le choix de la courbe Lden 55 auraient permis d’en concerner 4658 estimées. En limitant la zone C dont les contraintes urbanistiques sont fortes, on favorise la zone D qui elle est constructible et qui devient ainsi plus étendue. Le PEB passe ainsi en partie à côté de son objectif qui est d’éviter que de nouvelles populations ne soient exposées aux nuisances sonores générées par les activités de l’aéroport.

Il semblerait que le choix qu’avait fait la précédente municipalité : « agir auprès de l’Etat pour réduire des contraintes injustifiées imposées, par exemple, par le Plan d’Exposition au Bruit … » et qui en avait fait une marque dans son programme, soit ici confirmé dans la continuité par la nouvelle équipe en place qui a voté favorablement à ce PEB lors de la réunion du la CCE du 28 octobre 2014.

Nous regrettons par ailleurs l’absence d’une concertation réelle avec les riverains, au travers des CIL et des associations : la réunion de la CCE, convoquée précipitamment la veille de l’ouverture de l’enquête publique en est un symptôme, ainsi que le fait que cette CCE ne se réunisse pas de façon annuelle, comme cela est prévu dans les textes.

Lors de la CCE du 28 oct. 2014, le PEB a obtenu l’avis favorable des représentants du Ministère de la Défense et de ceux de la municipalité, pressée sans doute d’avoir enfin ce document opposable et satisfaite d’un moindre impact urbanistique. Mais les CIL et les associations ont voté contre, ce qui montre bien que les habitants ne se satisfont pas de ce PEB tel qu’il est présenté.

Nous émettons donc un avis défavorable à ce PEB :

  • Parce que la BAN, qui ne respecte pas la Charte de Qualité signée en 2002, minimise le trafic, en particulier celui des hélicoptères et des rafales, et que du coup l’évaluation de l’exposition au bruit est faussée.
  • Parce que le choix de la courbe Lden 57  permet une urbanisation plus large, alors que l’objectif d’un PEB est d’éviter que de nouvelles populations soient exposées aux nuisances sonores de l’aéroport

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