NOUS NOUS OPPOSONS A LA CREATION DE L’Installation Nucléaire de Base « ITER »
Voici les propos du Prix Nobel de physique japonais Masatoshi Koshiba : « ITER est extrêmement dangereux du point de vue de la sûreté et de la contamination environnementale.(…) Le tritium est hautement toxique avec une dose mortelle de 1mg ». Les 2 kg de tritium présents dans ITER « pourraient tuer 2 millions de personnes.(…) Le flux radioactif de 2kg de tritium est à peu près du même niveau que celui produit par l’accident de Tchernobyl ». Aujourd’hui dans les documents d’ITER organization, on peut lire que 4 kg de tritium, combustible d’ITER, seront présents en permanence sur le site.
Le tritium est un gaz radioactif, très toxique en cas d’inhalation. Il retombe sur la terre avec les précipitations sous forme d’eau tritiée. Les atomes de tritium peuvent remplacer les atomes d’hydrogène (environ la moitié des atomes du corps humain sont composés d’hydrogène), ainsi sous forme d’eau tritiée, cet isotope de l’hydrogène peut rentrer dans la chaîne alimentaire et se fixer dans l’organisme, conduire à des lésions et des mutations dans l’ADN. L’ASN ,dans son « Livre blanc du tritium » publié le 8/07/2010, a révélé qu’on avait sous-estimé les conséquences possibles de ce radioélément sur l’environnement et les organismes vivants, que l’estimation du risque était incorrecte, que des recherches complémentaires étaient nécessaires. Les auteurs de ce livre blanc concluent que « la réévaluation de la toxicité du tritium impose de revisiter les pratiques concernant les rejets et le stockage des déchets tritiés », donnant ainsi raison aux mises en garde déjà anciennes de la Commission de Recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité CRIIRAD. Les études concernant le confinement du tritium et son relâchement par ITER n’ont pas été suffisamment menées alors que la construction d’ITER est déjà en cours ! Ce constat est inacceptable, les études doivent être menées en priorité avant toute poursuite du projet.
L’ensemble de l’installation sera à terme un déchet nucléaire : plus de 30 000 tonnes hautement radioactives durant 400 à 800 ans qui resteront sur place après l’arrêt du programme de recherches. Le fait de présenter le projet ITER comme une solution à l’ingérable gestion des déchets de l’industrie nucléaire qui s’accumulent depuis 40 ans est un argument fallacieux. Depuis les années 1970 et le début du programme nucléaire français, le problème des déchets nucléaires n’a jamais trouvé de solution. Toute nouvelle production et stockage de déchets radioactifs est inacceptable.
Le système de production du tritium (combustible radioactif indispensable à l’expérience) du réacteur à fusion décrit sur le site du CEA comprend une couverture génératrice de tritium en lithium, potentiellement extrêmement dangereuse. Le réacteur sera composé d’éléments très toxiques et cancérigènes (béryllium, tritium, plomb), en cas d’explosion il y aurait dispersion de ces éléments dans l’environnement, pouvant rendre toute une région inhabitable. Tout risque de ce genre est ahurissant et inacceptable.
Ce projet comporte beaucoup de flou, d’incertitudes technico-scientifiques, beaucoup d’obstacles à franchir qui s’apparentent à des impossibilités, notamment en ce qui concerne la résistance des matériaux. Il est totalement irresponsable de construire un « banc d’essai à 15 milliards d’euros », les tests auraient dû être faits avant la construction de la machine, sur le JET par exemple, déjà construit.
Au sein d’ITER, la température du plasma devrait dépasser les cent millions de degrés. Pour la paroi de l’enceinte, le choix s’est porté sur le béryllium, un métal qui fond à 1287°C. Ce plasma est certes ca nalisé, mais en cas de pannes des aimants, la paroi serait volatilisée, or le béryllium est notoirement toxique et cancérigène. Le laboratoire IFMIF (International Fusion Material Irradiation Facility) prévu au Japon, devait étudier le comportement de tels matériaux sous forte irradiation afin de les qualifier pour ITER. Cette installation n’a pas encore vu le jour. Il est aberrant de prétendre construire ITER alors que les matériaux le constituant n’ont pas encore été définis et testés.
Le grand aimant supraconducteur de ITER devra être refroidi constamment à la température de l’Hélium liquide (-270°C). Durant son fonctionnement, une très grand e quantité d’énergie sera stockée sous forme électrique au sein de l’aimant. Dans l’enceinte de l’aimant où se produiront les réactions de fusion, la température devrait atteindre 150 millions de degrés. Le risque est très grand de voir les matériaux de la paroi de séparation, déjà fragilisés par l’irradiation intense due aux neutrons de haute énergie, se rompre sous l’effet des chocs thermiques.
En outre l’accident de supraconductivité survenu au CERN en 2008 montre qu’un tel accident pourrait se produire à ITER. Dans un tel cas, le relâchement brutal de l’énergie contenue dans l’aimant et le plasma serait à même de provoquer la destruction de ITER, avec une quasi-certitude de relâchement de produits radioactifs dans l’environnement (Tritium, éléments de construction de ITER….). Même si l’éventualité d’un accident de supraconductivité comme celui du CERN a été considéré (l’a t-il été?), des études nouvelles (taille d’aimant, matériaux,…) doivent être engagées avant que puisse être donnée une autorisation de création.Ce projet de réacteur à fusion, laboratoire de recherche utilisant des produits dangereux, constitué de matériaux radioactifs, s’installe dans une zone à sismicité avérée, sur une faille. Les normes (qui les a établies ?) pourront être respectées (qui va constater la réalisation ?) mais elles ne prévoient que ce qui est économiquement viable, c’est le propre de toute norme. Le simple bon sens rend inacceptable cette prise de risque.
Lors de la venue des eurodéputés à Cadarache en mai dernier, les réponses d’ITER Organization quant à la responsabilités des entreprises et partenaires en cas de catastrophes naturelles n’ont pas été satisfaisantes. Il est essentiel qu’ITER Organization se prononce désormais clairement sur ce point.
De même, les tentatives d’explication d’ITER Organization à propos de l’augmentation prodigieuse du budget n’ont pas été satisfaisantes et laissent présager que le budget ne se limitera pas au montant actuel. Nous demandons à ce qu’ITER Organization se prononce clairement sur les raisons de cette augmentation et garantisse qu’il n’y aura plus de « rallonge » demandée.
Suite à la Catastrophe de Fukushima, et sans parler des « stress-tests » européens, à la demande du premier ministre, l’Autorité de Sureté Nucléaire française doit « réévaluer la sûreté des installations nucléaires » à partir de rapports des exploitants eux-mêmes. Le centre de Cadarache est concerné. Il a été annoncé, en mai 2011, que pour ITER, Iter organization a jusqu’à l’automne 2012 pour rendre son rapport, qui devra donc être ensuite évalué par l’Autorité de Sureté: en attendant pourquoi les travaux continuent-ils? Nous demandons que la réévalutation de la sécurité du projet ITER soit effectuée avant que la commission d’enquête émette son avis.
Nous dénonçons la gestion non démocratique de cette enquête publique basée sur un dossier de 3500 pages (sans compter les données techniques) et qui se déroule en période de vacances estivales. Nous demandons que cette enquête soit prolongée au minimum jusqu’à la mi septembre.
Ce projet «ITER» n’a pour réelles conséquences que de retarder la mise en œuvre d’énergies sûres, rentables éprouvées et renouvelables.
Pour ces multiples raisons, et notamment celles concernant la dangerosité avérée du projet, nous demandons que la commission d’enquête publique émette un avis négatif.
Aix-en-Provence, le 28 juin 2011
le collectif STOP ITER
Médiane pour sortir du nucléaire (Pertuis 84), Comité de Défense de l’environnement de Jouques et Peyrolles (13), Agir Santé Environnement (La Tour d’Aigues 84), Association pour les Energies renouvelables et l’Ecologie (Apt 84), Association pour la Promotion des Techniques Ecologiques (Mérindol 84), Attac Sud Luberon (84), Pays d’Aix Ecologie (Aix 13), Apt Initiative Environnement (Apt 84), Confédération Paysanne France, Association Santé Environnement France, Arc Environnement, Bio consom’acteurs Provence, Europe Ecologie-Les Verts, Nouveau Parti Anticapitaliste, Partit Occitan, les Alternatifs
Avec le soutien de Greenpeace
« …l’aboutissement éventuel, c’est à dire la démonstration de la faisabilité scientifique accompagnée de quelques éléments de faisabilité technique, puis la faisabilité industrielle d’un réacteur thermonucléaire producteur d’énergie, est hors de toute prévision humaine. » Extrait de » Quelles énergies pour demain? » 2004
Robert Dautrey, ancien haut commissaire à l’énergie atomique